Le microbiote : un petit monde en nous !

Le microbiote : un petit monde en nous !

1 février 2018
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Le microbiote est un petit monde en soi ! Enfin, en nous, puisqu’il se trouve dans notre organisme. En effet, notre intestin, et plus particulièrement notre gros intestin appelé côlon abrite les centaines de milliards de bactéries qui composent le microbiote intestinal, que l’on appelait auparavant la « flore intestinale ». Celui-ci a un rôle dans la digestion, mais pas que…

Une carte d’identité unique

Le microbiote commence à s’installer dès la naissance, lors du passage du bébé dans le vagin de sa mère (dans le cas d’une naissance par voie basse). Il se met ensuite en place progressivement, influencé par l’allaitement, l’alimentation, les conditions d’hygiène (une hygiène trop stricte n’est pas favorable au bon développement du microbiote), la prise d’antibiotiques… Vers l’âge de 3 ou 4 ans, le microbiote d’un enfant est stabilisé et sa composition ne changera plus ou très peu au cours de sa vie. Ainsi, chaque personne a un microbiote différent. C’est une sorte de carte d’identité intestinale !

Un véritable écosystème

Le microbiote est composé de nombreuses espèces bactériennes différentes qui vivent en harmonie entre elles et avec nous, chacun trouvant un intérêt dans cette cohabitation. Ainsi, un équilibre se crée entre les différentes espèces bactériennes, avec une espèce dominante, empêchant le développement massif d’espèces nocives pour notre santé.

Ces bactéries sont dites « anaérobies », c’est-à-dire qu’elles ne peuvent pas survivre en présence d’oxygène. Elles forment jusqu’à 50% du volume des selles et ne survivent pas plus de 10 minutes en dehors de l’intestin… Chaque chasse d’eau tirée est un véritable génocide bactérien !

Une usine de recyclage

Des milliards de bactéries, forcément, ça mange ! Elles sont même très voraces. Mais pas trop difficiles, puisqu’elles se contentent parfaitement des tous les déchets de la digestion. Ainsi, quand arrivent dans le colon : des fibres intactes (puisque nos enzymes sont incapables de les digérer), et toutes sorte de restes de glucides, protéines et lipides, le microbiote se jette dessus et chaque espèce bactérienne trouve sa pitance. Mais le microbiote se nourrit également du mucus produit par l’intestin pour faciliter le transit, des milliards de cellules mortes issues du tube digestif, et des bactéries mortes elles-mêmes.

Un organe à part entière

Le microbiote est considéré maintenant par les scientifiques comme un organe, au même titre que le cœur ou les poumons. Il remplit des fonctions bien précises. En effet, le microbiote est capable de convertir des aliments en nutriments et en énergie. Les fibres que l’on trouve par exemple dans les choux, les légumes secs ou les céréales complètes sont transformées, par l’action des bactéries, en d’autres molécules appelées métabolites. Parmi ces métabolites se trouvent des acides gras très particuliers, appelés acides gras à chaîne courte qui sont, enfin, absorbables par l’intestin. Ces acides gras sont très importants pour notre santé, d’où l’intérêt de manger des fibres régulièrement : elles nourrissent les bactéries, qui nous nourrissent en retour. Certes, au prix d’émission de gaz parfois nauséabonds…

Les bactéries sont également capables de produire des vitamines :

  • la vitamine K qui joue un rôle dans la coagulation sanguine
  • la vitamine B12 nécessaire pour la croissance et pour le fonctionnement du système nerveux
  • la vitamine B8 importante pour la digestion des graisses.

 

L’intestin : un 2eme cerveau

Non seulement le microbiote est considéré aujourd’hui comme un organe, mais l’intestin qui l’abrite, est lui, considéré par les scientifique comme un deuxième cerveau ! En effet, l’intestin est tapissé de milliards de neurones qui ont la même origine embryonnaire que les neurones du cerveau. Des neurones qui ont conservé la capacité à communiquer entre eux. Les relations entre cerveau et intestin sont donc très étroites. Et c’est grâce au microbiote que le dialogue est possible.

 

Les super pouvoirs du microbiote

Et oui, le microbiote est puissant car il est capable de prévenir le cerveau d’un danger provenant d’un aliment toxique. Le cerveau peut à son tour ordonner à l’estomac ou l’intestin de réagir face à ce danger.
Un microbiote en bonne santé permet aussi à notre système immunitaire d’être plus performant car les trois quarts de nos cellules immunitaires se trouvent précisément dans le tube digestif. Un système immunitaire en bonne santé est aussi un élément essentiel pour devenir tolérant à ce que l’on mange.

La diversité importante du microbiote serait ainsi un élément clef protecteur contre de nombreuses pathologies. Ainsi, il existe un lien entre microbiote et obésité, à tel point que certains types de microbiote favoriseraient la prise de poids !

Par ailleurs, le microbiote aurait un effet sur l’humeur et l’agressivité et un rôle dans certaines maladies comme la maladie de Parkinson, la dépression, certains troubles du comportement alimentaire ou encore l’autisme. Mais tout cela demande à être étudié de façon approfondie et le microbiote est un sujet d’étude très prometteur pour de nombreux chercheurs.

 

Microbiote en danger : santé perturbée

Les antibiotiques sont des tueurs de bactéries. C’est bien pour cette raison qu’ils sont utilisés en cas d’infection. Mais ils sont aussi le principal ennemi du microbiote car ils tuent toutes les bactéries sans distinction, les « méchantes » comme les « gentilles ». Or, un microbiote déséquilibré et affaibli, peut donner l’opportunité à des espèces bactériennes pathogènes de se développer. Il faut environ un mois au microbiote pour rétablir son équilibre d’origine, après la prise d’antibiotiques, et durant ce laps de temps, il est fréquent de ressentir des troubles du transit intestinal. De plus, si des antibiotiques sont pris trop fréquemment, les bactéries peuvent développer une résistance. Il est donc sage de ne prendre des antibiotiques que si l’infection le nécessite. C’est au médecin d’en juger.

 

Le cas Clostridium…

Certaines infections intestinales peuvent mettre également en danger l’équilibre du microbiote. C’est le cas par exemple de l’infection à Clostridium difficile dont la toxine peut provoquer une diarrhée et des ulcérations dans le côlon. Ce type d’infection nécessite souvent le recours à des antibiotiques, cette toxine étant très agressive. Parfois, malgré un traitement adapté, cette bactérie récidive et le patient souffre d’une colite qui peut mettre en danger sa vie. Un traitement a été proposé consistant à renforcer le microbiote du patient en lui apportant un microbiote d’une personne non malade ; il s’agit de la transplantation de microbiote fécal ou transplantation fécale. Cela consiste en l’administration de selles d’un donneur sain et donc l’apport d’un ecosystème nouveau et très diversifié. Grâce à ce traitement, plus de 90% des patients atteints de colite à clostridium ont été guéris. Evidemment, les donneurs auront eu un bilan très complet pour s’assurer de l’absence de transfert de maladies. Cette transplantation se fait soit sous forme de lavements, soit lors d’une coloscopie, soit par une sonde qui arrive directement dans l’estomac. Aujourd’hui, des équipes travaillent sur la possibilité de la réalisation de ce traitement par l’utilisation de gélules à partir de selles congelées. Ce traitement est un réel médicament et ne peut se faire qu’en milieu hospitalier dans des indications très précises.

 

 

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